- surnaturalisme
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⇒SURNATURALISME, subst. masc.A. — 1. Croyance à l'existence d'un monde surnaturel. Synon. vieilli supernaturalisme. L'air habité par des transparences vivantes, ce serait le commencement de l'inconnu; mais au delà s'offre la vaste ouverture du possible. Là d'autres êtres, là d'autres faits. Aucun surnaturalisme, mais la continuation occulte de la nature infinie (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 80).2. Doctrine admettant l'existence d'une intervention surnaturelle de Dieu. Synon. spiritualisme, supernaturalisme (vieilli); anton. positivisme, rationalisme. Quant au timide compromis, qui cherche à concilier un surnaturalisme affaibli avec un état intellectuel exclusif de la croyance au surnaturel, il ne réussit qu'à faire violence aux instincts scientifiques les plus impérieux des temps modernes, sans faire revivre la vieille poésie merveilleuse, devenue à jamais impossible (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 49). Le grand écrivain des Misérables et de la Légende des siècles a toujours cru que l'essentiel pour chaque être c'est de percevoir dans chaque fait d'humanité ou de nature le surnaturalisme qui s'y mêle. C'est un esprit religieux (BARRES, Cahiers, t. 12, 1919, p. 49).B. — ESTHÉT. Doctrine qui affirme que la création artistique a pour fondement des principes idéaux et non la simple représentation du réel; monde tel que le révèle la création artistique faite selon ces principes. Anton. naturalisme, réalisme. Edgar Poe dit, je ne sais plus où, que le résultat de l'opium pour les sens est de revêtir la nature entière d'un intérêt surnaturel qui donne à chaque objet un sens plus profond, plus volontaire, plus despotique. (...) la peinture de Delacroix (...) est revêtue d'intensité et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, elle révèle le surnaturalisme (BAUDEL., Curios. esthét., 1855, p. 164). En ce sens, le Greco est plus purement significatif de l'effort d'ascension. La peinture, pour lui, est un surnaturalisme, si l'on fait de ce vocable baudelairien l'exact contre-pied de la fuite vers en bas que tente le surréalisme. Tout, sous son pinceau, exprime en termes visibles une prodigieuse tension pour s'extraire du monde où nous enferment nos sens (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 342).Prononc.:[
]. Étymol. et Hist. 1847 (PROUDHON, Carnets, vol. 2, p. 117 et 119 ds QUEM. DDL t. 26). Dér. de surnaturel d'apr. naturalisme. Fréq. abs. littér.:12. Bbg. QUEM. DDL t. 39.surnaturalisme [syʀnatyʀalism] n. m.ÉTYM. 1855; de surnaturel, d'après naturalisme.❖♦ Didact. Acceptation du surnaturel. — Rare. Le surnaturel.1 Edgar Poe dit (…) que le résultat de l'opium pour les sens est de revêtir la nature entière d'un intérêt surnaturel qui donne à chaque objet un sens plus profond (…) Sans avoir recours à l'opium, qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau (…) Eh bien, la peinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit. Elle est revêtue d'intensité, et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, elle révèle le surnaturalisme.Baudelaire, Curiosités esthétiques, V, III.2 Et qu'est-ce que le surnaturalisme ? C'est la partie de la nature qui échappe à nos organes. Le surnaturalisme, c'est la nature trop loin.Hugo, Post-Scriptum de ma vie, L'âme, Contempl. suprême, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.
